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Histoire de teinture et de nature

Extrait de l’article publié dans la revue Orne Nature n°7, printemps – été 2020

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De tous temps les textiles furent teints grâce aux couleurs organiques naturelles, végétales ou animales. D’après Dominique Cardon, chercheur au CNRS et spécialiste de l’histoire et l’archéologie du textile et de la teinture, les teintures naturelles les plus anciennes retrouvées seraient datées de l’âge de Bronze.

La Normandie a une histoire très riche autours des différents Arts textiles, la teinture n’en fait pas abstraction, en témoigne les nombreuses rues du nom de « ruelle des teintureries », « rue des teinturiers », « rue des teintureries », « rue de la teinture », sur les villes de : Sées, Flers, La ferté Macé, Caen, mais également sur Barenton, Le Petit Quevilly, Carentan.

On trouve les premières traces de la teinture en Normandie, dans le Calvados, sur le site archéologique de Cômmes, pour le travail du Nucella Lapillus (un coquillage) appelé également pourpre d’Atlantique. Par la suite, les travaux de teinture dans la région se poursuit dans différentes petites productions sans grandes réputations, nous en avons donc très peu de trace.

Gravure Archive d’Elbeuf

C’est à la fin du Moyen Age que de nombreuses draperies voient le jour autour d’Elbeuf et de Rouen. La plupart des ateliers sont installés directement dans les draperies où les teinturiers travaillent directement au service du drapier. Mais ces derniers n’ont pas assez de production pour faire vivre des ateliers de teinture avec leur unique production. On vois donc apparaître en 1708 un premier atelier de teinture mise en place par un collectif de drapiers.

Puis au XVIIIe siècle apparaît en France la mode des indiennes (étoffe peinte à la main ou imprimé au tampon, originaire d’Inde). La Normandie n’échappe pas à cette folie et malgré une prohibition de la vente de ses toiles, de 1646 jusqu’à la révolution, une contrebande continue d’alimenter la région. C’est en 1789 que l’on voit s’ouvrir à Rouen des ateliers de teinture d’imprimer. Un atelier vit le jour sur Caen, mais ne survécût pas à la Révolution.

Cosmos, Garance, cochenille

Pour le XIXe siècle, nous pouvons rencontrer d’autre usine de teinture : Flers, La Ferté Macé, Rouen, Elbeuf et leurs alentour. On peut également rencontrer de petits ateliers sur Alençon, Falaise, Saint lô, …

Durant des millénaires, les modes et les besoins ont varié en fonction des besoins, mais aussi, des prix de revient des productions, menant parfois à remplacer des ressources locales par des matériaux venus du bout du monde, de pays dans lesquels on pillait parfois les ressources naturelles (ex : les bois exotiques) et où l’on pouvait exploiter le travail des esclaves.

L’avènement des colorants de synthèse, à partir des années 1960, a entraîné la disparition en Europe des colorants naturels.

Aujourd’hui les préoccupations environnementales, les questions de l’économie durable, de toxicité des colorants synthétiques, issus du pétrole, remettent au goût du jour, ce savoir-faire.

Charlène Poret

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